Tuesday 19 June 2012

Philosophie: les sujets du bac 2012- Corrections

Crédit Photo Rodolphe Sebbah
'Passe ton bac ou tu finiras balayeur!!'
Combien de fois l'a-t-on entendue, cette phrase...

Extrait:

Les corrigés du bac philo

LE LUNDI 18 JUIN 2012 À 12:09

En partenariat avec le magazine L'Etudiant, voici quelques corrigés de l'épreuve de philosophie de ce matin. Histoire de se faire sa propre opinion, sur sa réussite ou son échec...

Tous les corrigés du Bac sont à retrouver sur le site de l'Etudiant.

Série L

- Que gagne-t-on en travaillant ?

Problématique : Le "que" invite à un plan catalogue, piège à éviter !
Il s'agit d'interroger ce que peut apporter le travail , qui est spontanément associé à un gagne-pain et en même temps à une idée de contrainte (soumission au processus vital, nécessité de produire en transformant la nature nos moyens de subsistance), de pénibilité et de dépense d'énergie physique et psychique. C'est l'aspect labeur du travail, que vient compenser la production ou le salaire (seulement en partie selon Marx) qui ne sont pas en eux-mêmes des gains, dans le sens où cela vient juste compenser ce qui a été perdu au travail ( temps, force, parfois même son humanité et son âme). Mais peut-on réduire le travail à cela, le travailleur à l' " animal laborans " comme le dit Hannah Arendt. Ne peut-il pas y avoir dans le travail une dimension d'œuvre par laquelle l'homme s'affirme comme homme et individu, et par là un véritable gain, par delà ces compensations ? Mais la trouve-t-on dans tout travail ? Quel travailleur est gagnant ? Et qu'est-ce qu'on entend par gain ? On dit que travailler c'est " gagner sa vie ", mais qu'est-ce qu'une vie gagnée ?

Plan possible :
I. on dit que travailler , c'est " gagner sa vie "...
- on doit en effet produire de quoi survivre donc on gagne cela
- en tant qu'activité économique, le travail permet d'avoir sa place dans la société
- devenu une des valeurs centrales de nos sociétés

Transition : mais le salaire n'est que ce que l'on reçoit en échange de l'effort fourni, c'est la contrepartie ; la transformation de la nature est un résultat, non un gain. La satisfaction de nos besoins n'est que la condition de leur renaissance , soumission au processus vital.

IV. il n'y a rien à gagner dans le travail, un simple moyen de survivre :

- le travail est un effort douloureux imposé par l'aiguillon de la nécessité historique ( trop nombreux pour se contenter de puiser dans la nature ou rupture de l'harmonie avec la nature chez Rousseau) ou même naturelle : nature inachevée qui nous condamne à devoir transformer la nature pour répondre à nos besoins. Il est labeur, punition dans la Génèse, contrainte

- le travail est une contrainte, la marque de notre asservissement au processus vital, d'où sa condamnation dans la Grèce antique ; c'est une activité indigne d'un homme libre, c'est pourquoi elle est réservée aux esclaves.

- le travail comme " labeur du soir au matin " est " la meilleure des polices " pour Nietzsche dans Aurore : il épuise force nerveuse, tue l'initiative individuelle et réduit les vues de l'homme à un " but mesquin "

Transition : ce que condamne Nietzsche, c'est une certaine forme de travail, celle de la révolution industrielle, où les machines, la logique quantitative de la production et la consommation triomphent. C'est que Marx dénonçait comme aliénation du travail, dépossession. Mais s'il y a dépossession dans le labeur, c'est que le travail ne se réduit pas à cela ?

III. il peut y avoir quelque chose à gagner ( par delà le salaire qui n'est pas en soi un gain!) dans le travail :

I. - le travail permet de façonner la nature pour en faire un monde humain. Le travail est un élément fondamental de la culture. Selon Marx, c'est par là que l'homme se distingue de l'animal.

- lorsqu'il y a technique, production d'une œuvre, le travail permet de s'affirmer comme homme et individu ( dialectique du maître et de l'esclave de Hegel, " cogito pratique "). En travaillant, l'homme se fait homme et s'affirme pour lui et pour les autres ( reconnaissance sociale).

- le travail permet aussi de conquérir la liberté en formant la volonté et " la mystique exige la mécanique " selon Bergson.

Conclusion : si le travail ne se réduit pas à un gagne-pain, s'il y a en lui technique et œuvre, il peut être un gain pour l'homme. Mais il faut que le travail reste un travail, un moyen de gagner sa vie et non une fin en soi et un moyen de pouvoir s'affirmer pour ensuite pouvoir se réaliser en tant qu'homme et individu. Gagner sa vie, ce n'est pas encore la réussir.
Crédit Photo: Rodolfe Sebbah








Si Si vous préférez les documents audio, voilà les propositions de correction proposées par France Culture tout au long du mois d'avril pour aider les étudiants à réviser:

Parmi la liste

Faut-il craindre le regard d'autrui ?  

« L’enfer, c’est les autres », écrivait Sartre. L’homme, animal social par excellence, a en effet parfois bien du mal à supporter la compagnie de ses semblables. C’est là tout le paradoxe de l’ « insociable sociabilité » de l’homme. En société, l’homme est en permanence soumis au regard et jugement d’autrui. Quelle est la place de ce regard dans la constitution de l’identité du sujet ? Ce regard lui-permet-il de prendre acte de son altérité vis-à-vis d’autrui ou a-t-il au contraire un effet miroir ? Comment vivre sous le regard d’autrui ?


Autres sujets diffusés au mois d'avril :


Au fait, qui a remarqué sur la première photo le jeu de mots entre le balai ( qui sert à balayer) et l'affiche du bus ( ballet ou danse classique)?


Et pour finir, allez voir le bêtisier du bac dont je parle dans un autre billet de ce blog...

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